Tendance à ignorer la vraie probabilité d'un événement en se concentrant seulement sur des informations spécifiques.
Négligence de la probabilité générale d'un événement en se focalisant sur des détails spécifiques.
Conduit souvent à une évaluation erronée des risques ou des chances.
Ce biais peut mener à des conclusions incorrectes dans l'interprétation des données ou des situations.
Influence significative dans les domaines nécessitant des estimations probabilistes, comme la médecine ou la sécurité.
L’oubli de la fréquence de base est un biais cognitif où les individus négligent la probabilité initiale (fréquence de base) d’un événement lorsqu’ils évaluent sa probabilité dans un contexte spécifique. Ce biais se manifeste lorsque les gens se concentrent sur des informations spécifiques ou récentes, au détriment de la probabilité globale ou statistique d’un événement. La nature humaine est telle qu’elle privilégie souvent les détails immédiats ou frappants, ce qui peut conduire à des jugements et des décisions erronés.
Ce phénomène résulte en partie de la difficulté à intégrer correctement les statistiques et les probabilités dans le raisonnement quotidien. L’esprit humain, confronté à des informations spécifiques ou narratives, peut être influencé par celles-ci et négliger la fréquence générale d’occurrence d’un événement. Par exemple, lors de l’évaluation du risque de maladie, les symptômes spécifiques d’un patient peuvent être sur-interprétés, tandis que la probabilité générale de cette maladie est sous-estimée.
Ce biais est également alimenté par notre tendance à rechercher des explications et des motifs dans des données qui peuvent, en réalité, être aléatoires ou influencées par de nombreux facteurs. Lorsqu’on est confronté à une information spécifique, comme un symptôme médical ou un comportement, on peut être tenté de lui accorder plus d’importance qu’il n’en a réellement, en ignorant la fréquence de base de cette occurrence dans la population générale.
L’oubli de la fréquence de base peut avoir des conséquences importantes, notamment dans les domaines de la médecine, de la sécurité et de la prise de décision en général. Il peut conduire à une surestimation des risques rares et à une sous-estimation des risques plus communs, affectant ainsi la qualité et l’efficacité des décisions prises.
L’oubli de la fréquence de base a été mis en évidence dans les travaux d’Amos Tversky et Daniel Kahneman dans les années 1970. Ces psychologues israéliens, pionniers dans l’étude de la prise de décision et du jugement sous incertitude, ont exploré de nombreux biais cognitifs, dont l’oubli de la fréquence de base fait partie. Leur recherche a révolutionné la compréhension des mécanismes psychologiques qui sous-tendent le raisonnement humain, en particulier en situation d’incertitude.
Dans leurs expériences, Tversky et Kahneman ont démontré que même des individus hautement qualifiés, tels que des médecins ou des experts en statistiques, pouvaient être sujets à l’oubli de la fréquence de base. Ils ont montré que les gens ont tendance à négliger les informations statistiques générales au profit d’informations spécifiques ou narratives, même lorsque ces dernières sont moins informatives ou pertinentes.
Leur travail a également mis en lumière la manière dont ce biais peut conduire à des erreurs dans la prise de décision, en particulier dans des domaines où les probabilités et les statistiques jouent un rôle crucial. Leur recherche a souligné l’importance de prendre en compte la fréquence de base dans l’évaluation des risques et des probabilités, ainsi que les limites de l’intuition humaine dans la gestion de l’information statistique.
Un médecin peut surestimer la probabilité qu'un patient ait une maladie rare en se basant sur des symptômes spécifiques, sans considérer la rareté de la maladie.
L'interprétation erronée des résultats d'un test de dépistage, comme un test COVID-19, en ne tenant pas compte de la fréquence de la maladie dans la population.
Croire qu'un événement est très probable parce qu'il est fréquemment rapporté dans les médias, sans tenir compte de sa fréquence réelle.