Biais d’omission

Sommaire

Tendance à favoriser l'inaction ou à éviter des décisions en négligeant certains éléments d'information ou en omettant d'agir.

Points à retenir

1

Le biais d'omission se manifeste lorsque des individus choisissent de ne rien faire dans une situation qui pourrait bénéficier d'une action, souvent par peur de faire une erreur.

2

Ce biais amène souvent à sous-estimer les risques associés à l'inaction. Les gens peuvent ignorer les conséquences potentiellement négatives de ne pas agir.

3

Ce biais affecte la prise de décision en rendant l'option de ne rien faire plus attrayante, car elle est perçue comme moins risquée.

4

Le biais d'omission est étroitement lié à l'aversion au risque et au biais de statu quo, où les gens préfèrent maintenir leur situation actuelle plutôt que de prendre des risques pour un bénéfice potentiel.

Explication du biais

Le biais d’omission, également connu sous le terme d’erreur d’omission, se réfère à la tendance des individus à favoriser l’inaction par rapport à l’action, en particulier lorsqu’ils font face à des décisions impliquant un potentiel de changement ou d’incertitude. Ce biais peut être comparé à l’aversion au risque, où les individus préfèrent éviter les pertes plutôt que d’acquérir des gains équivalents, même si les deux comportements peuvent aboutir à des résultats suboptimaux.

L’explication de ce biais repose sur plusieurs facteurs psychologiques et cognitifs. Premièrement, le biais d’omission est souvent influencé par le désir de maintenir le statu quo. Les individus tendent à valoriser leur situation actuelle plus qu’une situation future potentiellement meilleure mais incertaine. Cette préférence pour le statu quo est renforcée par une distorsion cognitive qui rend les conséquences de l’inaction moins visibles ou moins réelles que celles des actions. En d’autres termes, ne pas agir semble moins risqué parce que les coûts associés à l’inaction ne sont pas immédiatement apparents.

Un autre aspect du biais d’omission est lié à la théorie de la perspective, formulée par Daniel Kahneman et Amos Tversky. Selon cette théorie, les gens évaluent les pertes et les gains de manière asymétrique. Les pertes ont un impact émotionnel plus fort que les gains de magnitude équivalente. Ainsi, lorsqu’il s’agit de prendre une décision qui pourrait entraîner une perte, même si l’inaction pourrait également entraîner un résultat négatif, les individus préfèrent souvent ne rien faire, percevant cette option comme moins douloureuse.

Le biais d’omission est également renforcé par ce que l’on appelle l’illusion de contrôle. Lorsque les individus choisissent activement de ne pas agir, ils peuvent ressentir un faux sentiment de contrôle sur la situation, croyant que maintenir le statu quo est une décision « sûre » qui les garde à l’abri des résultats négatifs. Cela peut être particulièrement vrai dans des situations où l’issue est incertaine.

En pratique, le biais d’omission peut avoir des conséquences importantes dans de nombreux domaines, de la santé personnelle, où les gens négligent des examens médicaux préventifs, à la finance, où les investisseurs omettent de diversifier leurs portefeuilles, en passant par les situations d’urgence où le retard à agir peut augmenter les risques ou les dommages.

Origine du biais

L’origine du biais d’omission peut être explorée à travers plusieurs disciplines, incluant la psychologie, l’économie comportementale et la sociologie. Bien qu’il n’y ait pas une seule personne ou un moment précis où ce biais a été formellement identifié pour la première fois, la compréhension de ce biais s’est développée progressivement à mesure que les chercheurs ont observé des comportements humains liés à l’aversion au risque et à la préférence pour le statu quo.

La théorie de la dissonance cognitive, introduite par Leon Festinger dans les années 1950, fournit un cadre psychologique qui peut expliquer pourquoi les gens pourraient adopter le biais d’omission. Cette théorie suggère que les individus cherchent à maintenir une cohérence interne entre leurs croyances, attitudes et comportements. Lorsque prendre une nouvelle action ou modifier le statu quo pourrait créer une dissonance, c’est-à-dire un conflit interne, les individus peuvent choisir l’inaction pour éviter cette tension psychologique.

Dans les années 1970, les travaux de Daniel Kahneman et Amos Tversky sur la théorie des perspectives ont également contribué à une meilleure compréhension de ce biais. Ils ont montré que les individus évaluent les pertes et les gains de manière asymétrique, ce qui peut mener à une aversion disproportionnée pour les actions perçues comme risquées, même lorsque l’inaction peut être tout aussi ou plus préjudiciable. Leur recherche a mis en évidence comment les décisions sont souvent prises non pas sur une analyse objective des résultats, mais plutôt sur la manière dont les choix sont présentés et perçus.

En économie comportementale, le concept de coût irrécupérable peut également être lié au biais d’omission. Les individus ont tendance à continuer sur une voie d’action dans laquelle ils ont déjà investi, même lorsque les preuves suggèrent qu’un changement de direction serait bénéfique. Ce phénomène peut encourager l’inaction ou le maintien du statu quo en dépit des opportunités de prendre des actions bénéfiques.

Au fil du temps, des études empiriques dans des domaines aussi variés que la santé publique, la finance et la sécurité des organisations ont continué de démontrer comment le biais d’omission affecte les décisions individuelles et collectives. Ces études renforcent la notion que le biais d’omission n’est pas simplement une curiosité psychologique, mais une force puissante qui peut influencer une large gamme de comportements, souvent avec des conséquences significatives.

Exemples

Santé

Les médecins peuvent parfois choisir de ne pas adopter un nouveau traitement, non pas parce qu'il est prouvé inefficace, mais parce qu'ils omettent de considérer activement toutes les données disponibles, préférant s'en tenir aux traitements traditionnels.

Finance

Un investisseur peut omettre de réévaluer son portefeuille d'investissements régulièrement, manquant ainsi des opportunités de maximiser les rendements ou de minimiser les risques en ajustant ses placements.

Travail

Un manager peut éviter de prendre des décisions difficiles concernant le changement nécessaire dans les opérations ou le personnel, ce qui peut conduire à des problèmes à long terme pour l'entreprise si des ajustements nécessaires sont constamment omis.

Personnel

Un propriétaire négligeant de faire des réparations mineures par omission peut se retrouver face à des réparations majeures plus coûteuses et plus complexes à l'avenir, en raison de l'accumulation de problèmes initialement plus petits.

Pour aller plus loin

Pourquoi ne pas tirer le levier du chariot ? - The decision lab

Décide de ne pas décider : le biais d'omission - SEBASTIÁN LAZA

Les illusions, le biais d'omission - Jean Marie Champeau

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