Biais de désirabilité sociale

Sommaire

Tendance à adapter son comportement ou ses réponses pour paraître plus acceptable ou apprécié par les autres.

Points à retenir

1

Le biais de désirabilité sociale nous pousse à vouloir être perçu sous un jour favorable, souvent au détriment de la vérité.

2

Ce biais est courant dans des situations où l’on se sent jugé ou observé, comme lors d’entretiens ou de sondages.

3

Il peut conduire à une autocensure ou à une embellissement des faits pour répondre à des attentes perçues.

4

Ce biais est un obstacle à l’honnêteté et à la transparence, tant dans les relations personnelles que dans les recherches.

Explication du biais de désirabilité sociale

Le biais de désirabilité sociale repose sur notre tendance humaine fondamentale à rechercher l’acceptation et l’approbation des autres. Il se manifeste particulièrement lorsque nous nous trouvons dans des contextes où nos actions, nos paroles ou nos décisions peuvent être jugées par autrui. Cela peut nous amener à ajuster notre comportement, ou même à déformer la vérité, pour correspondre aux normes sociales ou morales perçues comme valorisées dans une situation donnée.

Ce biais est souvent motivé par la peur du jugement ou par le désir de maintenir une image positive de soi. Par exemple, lors d’un sondage sur des comportements sensibles comme la consommation de substances ou le respect des lois, les individus peuvent exagérer leur conformité aux normes sociales. De la même manière, dans les interactions sociales, une personne peut prétendre aimer une activité ou partager un intérêt qui ne l’attire pas réellement, simplement pour s’intégrer.

Un élément clé du biais de désirabilité sociale est qu’il n’est pas toujours conscient. Une personne peut véritablement croire qu’elle agit de manière honnête tout en étant influencée par ce biais. Cela rejoint des mécanismes similaires comme le biais d’auto-complaisance, qui pousse les individus à attribuer leurs réussites à leurs compétences personnelles et leurs échecs à des facteurs externes. Dans les deux cas, le but est de protéger ou de rehausser l’estime de soi et l’image que l’on projette.

Ce biais est particulièrement problématique dans des contextes où l’honnêteté est cruciale, comme les études scientifiques ou les enquêtes sociales. Par exemple, les chercheurs doivent souvent utiliser des techniques pour réduire cet effet dans leurs études, en rendant les réponses anonymes ou en utilisant des questions indirectes. Cela illustre à quel point le biais de désirabilité sociale peut fausser les données et rendre difficile l’obtention d’une image claire de la réalité.

Origine du biais de désirabilité sociale

Le biais de désirabilité sociale a été formellement identifié et étudié dans les années 1950, notamment par les chercheurs américains Allen L. Edwards et Douglas P. Crowne. Ce dernier, en collaboration avec David Marlowe, a introduit en 1960 l’échelle de Marlowe-Crowne, un outil psychométrique conçu pour mesurer la propension des individus à répondre de manière socialement désirable. Cet instrument a été développé pour pallier les distorsions causées par ce biais dans les enquêtes et les études psychologiques.

L’émergence de ce concept s’inscrit dans un contexte où la psychologie sociale explorait de manière approfondie les influences des normes et des pressions sociales sur le comportement humain. Les travaux de Crowne et Marlowe ont permis de quantifier cet effet et de mieux comprendre comment il pouvait compromettre la fiabilité des données obtenues par le biais d’auto-évaluations ou de questionnaires.

Les origines profondes de ce biais, cependant, peuvent être tracées jusqu’aux mécanismes évolutifs de survie et d’adaptation sociale. Nos ancêtres dépendaient fortement de l’acceptation du groupe pour survivre, que ce soit pour l’accès aux ressources ou pour la protection contre les dangers extérieurs. En conséquence, la capacité à se conformer aux attentes du groupe et à maintenir une image favorable a évolué comme un atout adaptatif.

Sur le plan théorique, le biais de désirabilité sociale peut également être rapproché des travaux d’Erving Goffman sur la mise en scène de soi. Selon Goffman, dans toute interaction sociale, les individus jouent des « rôles » et projettent une image d’eux-mêmes en fonction des attentes perçues. Cette idée se recoupe avec la dynamique du biais, où la préoccupation pour son apparence sociale guide les comportements.

Aujourd’hui, le biais de désirabilité sociale est reconnu comme une entrave majeure dans de nombreux domaines. Il est notamment étudié dans les sciences comportementales, le marketing, les études de santé publique et même l’intelligence artificielle, où il peut influencer les réponses des utilisateurs dans des systèmes interactifs. Comprendre ses origines et ses manifestations est essentiel pour minimiser son impact et permettre des analyses plus objectives et authentiques des comportements humains.

Exemples du biais de désirabilité sociale

Travail

Les employés, lors d'une réunion, peuvent éviter de partager leurs véritables préoccupations pour ne pas paraître négatifs devant leurs collègues ou supérieurs.

Sondage

Un participant peut affirmer qu’il recycle régulièrement, même si ce n’est pas le cas, car c’est socialement valorisé.

Relations sociales

Une personne peut prétendre aimer un film ou un livre populaire juste pour se conformer au goût de ses amis.

Réseaux sociaux

Les publications sont souvent soigneusement sélectionnées pour donner une image positive ou enviable de sa vie, même si elle ne reflète pas la réalité.

Pour aller plus loin

Biais de désirabilité sociale - Shortcogs

Recruteurs : Décryptez et combattez le Biais de désirabilité sociale - Candidatus

Désirabilité sociale - Wikipédia

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