Effet de Stroop

Sommaire

Tendance à être ralenti quand le cerveau doit traiter deux informations contradictoires en même temps.

Points à retenir

1

L’effet de Stroop met en évidence les conflits entre différents types de traitements cognitifs automatiques et contrôlés.

2

Il démontre que la lecture, devenue automatique, interfère avec d'autres tâches plus lentes, comme la reconnaissance des couleurs.

3

Ce biais révèle les limites de notre attention sélective et la difficulté à inhiber des réponses dominantes.

4

Il est souvent utilisé pour mesurer la flexibilité cognitive et l'efficacité des fonctions exécutives du cerveau.

Explication de l'effet de Stroop

L’effet de Stroop est un phénomène psychologique qui illustre à quel point notre cerveau peut être perturbé par des informations contradictoires. Il montre que lorsque deux types de traitements mentaux entrent en interférence, cela ralentit notre réponse et augmente les risques d’erreur. Ce biais est particulièrement visible dans des tâches où il faut ignorer une information automatique pour se concentrer sur une autre, moins intuitive.

L’exemple le plus connu est le test de Stroop classique : on présente une liste de mots désignant des couleurs (comme « rouge », « vert », « bleu »), mais chaque mot est imprimé dans une couleur différente de ce qu’il indique. Par exemple, le mot « bleu » écrit en rouge. La consigne est de nommer la couleur de l’encre, et non de lire le mot. Or, la lecture du mot est automatique chez les personnes alphabétisées : leur cerveau traite instantanément le sens du mot sans effort conscient. En revanche, nommer la couleur de l’encre nécessite un traitement plus volontaire et plus lent. Résultat : les deux informations (lecture du mot et perception de la couleur) entrent en conflit, et cela ralentit la réponse ou provoque des erreurs. C’est cela, l’effet de Stroop.

Ce biais met en lumière l’existence de conflits cognitifs entre des processus mentaux automatisés et des processus contrôlés. Notre cerveau fonctionne souvent en mode automatique pour économiser de l’énergie : il lit sans réfléchir, suit des habitudes, anticipe des schémas. Mais dans certaines situations, ces automatismes entrent en collision avec une tâche qui demande de l’attention et de la concentration. L’effet de Stroop révèle donc nos limites attentionnelles et la difficulté que nous avons à inhiber une réponse naturelle au profit d’une réponse adaptée à la consigne.

L’effet de Stroop est souvent utilisé en psychologie pour mesurer les fonctions exécutives, c’est-à-dire les capacités mentales qui nous permettent de contrôler notre comportement : attention, inhibition, flexibilité mentale. Il est aussi utilisé en neurosciences, notamment pour évaluer certaines atteintes du cortex préfrontal, qui joue un rôle clé dans la gestion des conflits cognitifs.

Ce biais est différent, par exemple, de l’effet de simple exposition, où la répétition d’une information favorise sa mémorisation ou son appréciation. Dans l’effet de Stroop, la difficulté ne vient pas de la nouveauté ou de l’habitude, mais de la compétition entre deux réponses possibles, dont l’une doit être volontairement bloquée.

En résumé, l’effet de Stroop met en évidence que notre cerveau, bien qu’efficace, n’est pas toujours apte à gérer des signaux contradictoires, surtout quand l’un de ces signaux active un automatisme profondément ancré.

Origine de l'effet de Stroop

L’effet de Stroop porte le nom du psychologue américain John Ridley Stroop, qui en a formellement décrit le mécanisme dans une étude publiée en 1935 sous le titre « Studies of interference in serial verbal reactions ». Dans cette recherche, Stroop met en place une expérience simple mais révélatrice : il demande à des participants de nommer la couleur d’encre dans laquelle sont écrits des mots, certains correspondant à des noms de couleurs, d’autres non. Il constate alors que les participants mettent plus de temps à répondre lorsque la signification du mot entre en conflit avec la couleur de l’encre, par exemple, lire le mot « bleu » imprimé en rouge.

Cette expérience montre que la lecture est devenue un automatisme mental chez les adultes alphabétisés. Lorsque le cerveau est confronté à une tâche qui va à l’encontre de cet automatisme (ici, ignorer le sens du mot pour se concentrer uniquement sur sa couleur), cela génère un conflit cognitif. C’est cette interférence entre deux processus mentaux (automatique vs contrôlé) qui crée le ralentissement et les erreurs.

Bien que Stroop soit celui qui a formalisé cet effet et lui ait donné son nom, d’autres chercheurs avaient déjà observé des phénomènes similaires avant lui, notamment les psychologues allemands de la Gestalt, qui s’intéressaient aux mécanismes de perception et d’attention. Mais Stroop est le premier à structurer une méthode expérimentale rigoureuse et à quantifier l’interférence dans une tâche cognitive précise.

Depuis sa découverte, l’effet de Stroop est devenu un outil central en psychologie expérimentale, en neuropsychologie et en neurosciences cognitives. Il est utilisé pour évaluer les fonctions exécutives, mesurer l’inhibition cognitive, et même détecter certains troubles comme la schizophrénie, le TDAH ou la démence. Des variantes du test original ont également été développées pour tester l’effet dans d’autres contextes : avec des images, des sons, des émotions ou des langues étrangères.

Sur le plan neurologique, les études en imagerie cérébrale ont montré que l’effet de Stroop active notamment le cortex préfrontal dorsolatéral, une zone impliquée dans la prise de décision, le contrôle de soi et la gestion des conflits cognitifs. Cela confirme que ce biais ne relève pas seulement de la psychologie comportementale, mais repose aussi sur des mécanismes cérébraux bien identifiés.

L’effet de Stroop est un des biais cognitifs les plus étudiés scientifiquement, car il révèle de façon très concrète comment notre cerveau traite l’information conflictuelle. Sa découverte, issue d’une expérience simple mais puissante, continue d’avoir un impact majeur dans la compréhension de nos limites cognitives.

Exemples de l'effet de Stroop

Psychologie cognitive

Les tests de Stroop permettent d’évaluer les capacités d’attention et d’inhibition cognitive chez les patients ou dans des recherches expérimentales.

Conduite automobile

Un panneau de signalisation dont le mot « Stop » est écrit en vert peut retarder la réaction du conducteur en raison du conflit entre couleur et signification.

Marketing

Un message publicitaire utilisant un mot fort (comme « gratuit ») dans une couleur neutre ou contradictoire peut diminuer son impact ou créer une confusion.

Éducation

Des exercices inspirés de l’effet de Stroop peuvent être utilisés pour entraîner la concentration et les capacités d’attention des enfants.

Pour aller plus loin

Mieux comprendre le test de Stroop - Psychomotricien Liberal

L’effet Stroop: pour tester votre capacité d’inhibition cognitive - Marie-Paule DESSAINT

Test de Stroop : qu’est-ce que c’est - LiNote

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