Biais d’immunité à l’erreur

Sommaire

Tendance à croire qu'on est infaillible, minimisant ou ignorant ses propres erreurs.

Points à retenir

1

Ce biais se manifeste par une tendance à se croire à l'abri de l'erreur, suggérant une perception déformée de l'infaillibilité personnelle.

2

Les erreurs sont souvent rationalisées ou attribuées à des facteurs externes, évitant ainsi la remise en question personnelle.

3

L'incapacité à reconnaître ses propres erreurs peut conduire à un manque de progression et d'apprentissage, car les leçons tirées des échecs sont ignorées.

4

Ce biais est particulièrement fréquent chez les individus en position de leadership, où l'auto-préservation de l'image de compétence est cruciale.

Explication du biais

Le biais d’immunité à l’erreur trouve ses racines dans la tendance humaine à l’auto-préservation psychologique et émotionnelle. Ce biais est étroitement lié à des concepts tels que l’égocentrisme et le biais de confirmation. Lorsqu’une personne est confrontée à une erreur ou à un échec, admettre cette faute implique une remise en question de soi-même, ce qui peut être psychologiquement inconfortable. Pour éviter cette dissonance, l’individu peut se retrancher derrière ce biais, refusant de reconnaître ses erreurs ou les rationalisant par des circonstances externes.

Ce biais est également étroitement lié à l’effet Dunning-Kruger, où les personnes avec une compétence limitée dans un domaine sont susceptibles de surestimer leur compétence. Cela peut conduire à une perception erronée de l’infaillibilité. La différence principale entre ces deux biais est que l’effet Dunning-Kruger se concentre sur l’incompétence inconsciente, tandis que le biais d’immunité à l’erreur implique une réticence consciente ou inconsciente à admettre les erreurs.

Le biais d’immunité à l’erreur peut être exacerbé dans des contextes où l’admission d’erreurs est socialement stigmatisée ou où il existe une pression forte pour maintenir une image de compétence et de succès. Cela est particulièrement vrai dans des environnements comme le milieu politique, les hautes sphères de gestion ou même dans des contextes sociaux où admettre une erreur pourrait être perçu comme un signe de faiblesse.

Origine du biais

Le biais d’immunité à l’erreur, en tant que concept distinct, n’a pas été identifié par un chercheur ou une étude spécifique. Il est plutôt considéré comme une manifestation de divers aspects de la psychologie humaine étudiés depuis des décennies. La recherche en psychologie cognitive et sociale a longtemps mis en lumière la tendance des gens à éviter de reconnaître leurs erreurs et à rationaliser les échecs.

Des psychologues comme Leon Festinger, avec sa théorie de la dissonance cognitive, ont jeté les bases de la compréhension de ce biais. La dissonance cognitive suggère que les individus sont motivés à maintenir une cohérence interne dans leurs croyances et perceptions. Lorsque confrontés à des preuves de leurs erreurs, les gens peuvent éprouver une dissonance, les poussant à rejeter ces preuves pour maintenir leur perception de compétence.

En outre, les recherches sur l’estime de soi et l’identité personnelle ont également contribué à la compréhension du biais. La réticence à admettre des erreurs peut être une tentative de protéger l’estime de soi. Dans des cultures où l’erreur est fortement stigmatisée, ce biais peut être particulièrement prononcé.

Exemples

Politique

Un homme politique peut rejeter la responsabilité de ses échecs sur des circonstances extérieures ou des adversaires, plutôt que de reconnaître ses propres erreurs stratégiques.

Accident

Une personne peut attribuer un accident de voiture à la météo ou à l'autre conducteur, refusant d'admettre qu'une erreur de jugement de sa part a pu contribuer à l'accident.

Relations personnelles

Un individu peut constamment blâmer son partenaire pour les problèmes relationnels, sans jamais considérer son propre rôle dans ces problèmes.

Travail

Un manager peut ignorer les feedbacks négatifs de ses employés, insistant sur le fait que sa méthode de gestion est la meilleure, malgré des preuves contraires.

Pour aller plus loin

Biais d'immunité à l'erreur, éviter les pièges de la pensée - La Toupie

Être ou ne pas être dans l’erreur, voilà la question - FacteurH

Le biais de l’immunité à l'erreur - Jean Marie Champeau

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