Biais linguistique

Sommaire

Tendance à percevoir et interpréter le monde différemment selon les caractéristiques linguistiques de la langue parlée.

Points à retenir

1

Selon l'hypothèse de Sapir-Whorf, la langue influe sur notre manière de percevoir et de comprendre le monde.

2

Les catégories et concepts linguistiques façonnent nos représentations mentales et notre vision du monde.

3

Des langues différentes peuvent conduire à des perceptions et des interprétations variées de la même réalité.

4

Des études ont montré que la langue peut influencer de manière significative la perception de concepts tels que l'espace, le temps et les émotions.

Explication du biais

Le biais linguistique, ancré dans l’hypothèse de Sapir-Whorf, repose sur l’idée que la structure et les caractéristiques d’une langue influencent la manière dont ses locuteurs perçoivent et pensent le monde. Cette hypothèse suggère que notre réalité cognitive est façonnée par le langage, modulant nos processus mentaux et nos connaissances. Selon cette perspective, la langue n’est pas simplement un outil de communication, mais un cadre structurant pour la pensée.

Ce biais se manifeste de différentes manières. Premièrement, il peut influencer notre perception du monde physique. Par exemple, si une langue a plusieurs mots pour décrire un concept (comme la neige en langues inuites), ses locuteurs peuvent percevoir et catégoriser ces nuances différemment de ceux dont la langue est moins spécifique. Deuxièmement, il affecte notre compréhension des concepts abstraits tels que le temps, l’espace et les émotions, en fonction des distinctions disponibles ou absentes dans notre langue.

L’effet du langage sur la pensée soulève des questions sur le relativisme culturel et linguistique. Il implique que notre interprétation du monde est, dans une certaine mesure, relative à notre contexte linguistique. Cela conduit à une diversité de perspectives, car différentes langues fournissent différentes grilles d’interprétation du monde.

L’hypothèse de Sapir-Whorf a suscité un débat important dans la communauté scientifique. Bien que sa forme radicale, suggérant que le langage détermine la pensée, ait été largement réfutée, des versions plus modérées reconnaissent que le langage peut influencer significativement, mais pas exclusivement, la pensée et la perception. Des recherches récentes dans des domaines tels que la psychologie cognitive et la neurolinguistique continuent d’explorer comment nos schémas linguistiques façonnent notre expérience du monde.

Origine du biais

L’origine du biais linguistique est étroitement liée à l’hypothèse de Sapir-Whorf, élaborée dans les années 1930 par les linguistes Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf. Sapir, un anthropologue américain, et son élève Whorf, ont proposé que la structure de la langue d’une personne influence sa vision du monde. Leur travail s’est concentré sur la manière dont les différences linguistiques entre les cultures peuvent conduire à des différences dans la pensée et la perception.

Le travail de Sapir et Whorf s’inscrivait dans une période où la linguistique, l’anthropologie et la psychologie commençaient à interagir de manière significative. Leurs idées sur le relativisme linguistique ont été influencées par les travaux antérieurs de linguistes comme Franz Boas, qui a également souligné l’importance des structures linguistiques dans la formation des habitudes de pensée.

Bien que l’hypothèse de Sapir-Whorf ait été critiquée et réfutée dans sa forme originale – la notion que la langue détermine la pensée – elle a été révisée et modérée au fil du temps. Des recherches ultérieures, notamment à la fin du XXe siècle, ont cherché à évaluer empiriquement l’influence du langage sur la pensée. Ces études ont montré que, bien que l’effet du langage sur la pensée ne soit pas aussi déterminant que Whorf l’avait initialement proposé, il y a des effets mesurables et significatifs du langage sur la perception et la représentation de l’espace, du temps et des émotions.

L’exploration moderne de ce biais linguistique a également été enrichie par des études en neurosciences et en psychologie cognitive, qui examinent comment les schémas linguistiques affectent le traitement de l’information et les fonctions cognitives. Ainsi, l’origine de ce biais se trouve à l’intersection de la linguistique, de l’anthropologie, de la psychologie et des neurosciences, reflétant une approche interdisciplinaire pour comprendre le rôle complexe du langage dans la pensée humaine.

Exemples

Test de QI

Mise en évidence par le psychologue Robert L. Williams en 1874, les tests de QI peuvent être influencés par des biais linguistiques, affectant la mesure de l'intelligence selon la langue maternelle.

Recrutement

Les perceptions et évaluations des candidats peuvent être influencées par la manière dont ils utilisent la langue, reflétant potentiellement des biais culturels ou linguistiques.

Recherche scientifique

La sur-représentation des publications en anglais dans les statistiques de recherche peut créer un déséquilibre linguistique et culturel dans la diffusion du savoir.

Pour aller plus loin

Les biais linguistiques - The Inquisitive Mind

Discriminations : les mots qui en disent long - Exploreur

Biais linguistique, éviter les pièges de la pensée - La Toupie

Découvrez d'autres biais cognitifs