L’illusion monétaire est un biais cognitif qui affecte la perception de la valeur de l’argent en fonction de son contexte, son format, ou sa dénomination, influençant ainsi le comportement de dépense des individus. Ce biais se manifeste lorsque les gens attribuent une valeur différente à des sommes d’argent identiques en raison de facteurs non économiques. Il peut être comparé à des biais similaires dans le domaine de la prise de décision financière, comme le biais d’ancrage, où les premières informations reçues influencent fortement les décisions ultérieures.
L’effet de l’illusion monétaire peut être expliqué par la théorie de la comptabilité mentale, développée par Richard Thaler. Cette théorie suggère que les gens divisent leur argent en différents « comptes » mentaux pour des usages spécifiques (comme les dépenses quotidiennes, les économies, les fonds de vacances, etc.), ce qui peut mener à des évaluations irrationnelles des coûts et des bénéfices. Par exemple, dépenser de petites sommes régulièrement par carte de crédit peut sembler moins significatif que de retirer une grande somme en espèces, bien que le total dépensé puisse être le même.
De plus, la familiarité avec différentes formes de monnaie peut aussi jouer un rôle. Les études montrent que les individus sont plus enclins à dépenser des devises moins familières ou des devises perçues comme « monopoly money », telles que les points de fidélité ou les crédits virtuels, que de l’argent réel.
Les recherches en neuroéconomie offrent des insights sur comment le cerveau traite les valeurs relatives lors des décisions impliquant de l’argent. Des zones spécifiques du cerveau, comme le cortex préfrontal et le striatum ventral, sont activées différemment selon que l’argent est présenté sous forme physique ou abstraite. Ces différences de traitement cérébral peuvent contribuer à l’effet de l’illusion monétaire, où les gens réagissent de manière différente à la même quantité d’argent basée sur sa forme.
En outre, l’illusion monétaire peut également être renforcée par l’effet de contraste, un autre biais cognitif. Cet effet décrit comment la perception de deux objets présentés l’un après l’autre peut être altérée, rendant la différence entre eux plus prononcée. Dans le contexte monétaire, par exemple, une grosse coupure de 100 euros est souvent perçue comme ayant une valeur supérieure à cinq billets de 20 euros, même si la valeur nominale est identique.