Biais d’ancrage

Sommaire

Tendance à s'appuyer excessivement sur la première information reçue (l'ancre) lors de la prise de décisions ultérieures.

Points à retenir

1

La première information reçue devient souvent un point de référence mental, influençant fortement nos décisions et estimations futures.

2

Impact particulièrement notable lorsqu'il s'agit d'estimer des valeurs ou des nombres.

3

Tendance à rester fixé sur l'information initiale, même face à des informations contradictoires ou nouvelles.

4

Utilisation de repères basés sur des événements passés, souvent non pertinents, pour prendre des décisions en situation d'incertitude.

Explication du biais

Le biais d’ancrage est un concept clé en psychologie cognitive qui décrit la tendance des individus à s’appuyer fortement sur la première information qu’ils reçoivent (l’ancre) lorsqu’ils prennent des décisions. Une fois qu’une ancre est établie, il est difficile pour la personne de s’en défaire, même face à des informations nouvelles ou contradictoires. Ce biais influence significativement la manière dont les gens évaluent et interprètent les informations, les situations et les personnes.

Ce phénomène prend racine dans notre traitement cognitif de l’information. Lorsqu’une personne est confrontée à une tâche d’estimation ou de décision, la première information reçue crée un point de référence autour duquel les pensées et les jugements ultérieurs vont graviter. Ce point d’ancrage peut être complètement arbitraire, mais il exerce néanmoins une influence puissante. La raison en est que notre cerveau cherche à créer de la cohérence et à réduire l’incertitude. L’ancre fournit un cadre de référence initial qui aide à structurer l’évaluation subséquente.

En plus de son effet sur les estimations et les jugements individuels, le biais d’ancrage joue un rôle dans les interactions sociales et commerciales. Par exemple, dans les négociations de prix, le montant initial mentionné sert souvent d’ancre, influençant la gamme des contre-offres et des accords finaux, indépendamment de la valeur réelle de l’objet ou du service en question.

Ce biais illustre une limitation fondamentale dans notre capacité à traiter l’information de manière totalement objective. Même lorsque les gens sont conscients de l’existence de ce biais, ils ont tendance à sous-estimer son influence sur leurs propres jugements et décisions. Par conséquent, le biais d’ancrage peut conduire à des évaluations inexactes et à des décisions suboptimales, en particulier dans des situations complexes ou sous pression.

Origine du biais

Le biais d’ancrage a été formellement identifié et étudié par les psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman dans les années 1970, dans le cadre de leurs recherches pionnières sur la prise de décision et le jugement sous incertitude. Leur travail a mis en lumière la manière dont les individus utilisent des heuristiques, ou des raccourcis mentaux, pour simplifier la prise de décision, et comment ces heuristiques peuvent mener à des erreurs systématiques.

Tversky et Kahneman ont mené une série d’expériences démontrant comment des informations initiales arbitraires peuvent fortement influencer les estimations et les jugements subséquents. Par exemple, dans une de leurs études célèbres, les participants ont été exposés à un nombre aléatoire (généré par une roue de la fortune) avant d’estimer le pourcentage de pays africains aux Nations Unies. Les résultats ont montré que les estimations des participants étaient fortement influencées par le nombre initial, même si ce dernier n’avait aucun lien logique avec la question posée.

L’identification de ce biais a eu un impact majeur dans le domaine de la psychologie comportementale et a ouvert la voie à une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents de la prise de décision humaine. Le travail de Tversky et Kahneman sur le biais d’ancrage, ainsi que sur d’autres heuristiques, a contribué à la naissance de l’économie comportementale, un domaine qui examine les effets des facteurs psychologiques sur les décisions économiques des individus et des institutions.

Exemples

Éducation

Un élève en retard le premier jour peut être étiqueté comme "toujours en retard", malgré une ponctualité ultérieure.

Estimations de prix

Les premiers prix affichés pour un produit peuvent influencer la perception de sa valeur, même si des informations supplémentaires suggèrent un prix différent.

Santé

Les médecins peuvent s'appuyer sur une première impression ou un symptôme initial, ce qui peut parfois conduire à un diagnostic erroné.

Vie quotidienne

Les gens peuvent être influencés par un prix de départ lors de l'achat d'une maison, fixant ainsi une valeur de référence qui affecte toutes les négociations et évaluations ultérieures.

Pour aller plus loin

Ne vous laissez pas influencer par le biais d'ancrage - Mailchimp

Comment le biais d'ancrage influence la vente - Kapyrus

L'effet d'ancrage - Noovomoi

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