Pas inventé ici (NIH)

Sommaire

Tendance à rejeter ou dévaluer les idées, projets ou produits car ils n'ont pas été créés au sein de notre propre groupe ou organisation.

Points à retenir

1

Ce biais reflète une préférence marquée pour les solutions, idées ou produits développés en interne, parfois au détriment de solutions externes potentiellement supérieures.

2

L'effet "pas inventé ici" peut entraver l'innovation et le progrès en limitant la considération et l'intégration d'idées externes novatrices.

3

Ce biais est souvent alimenté par des barrières psychologiques telles que la fierté organisationnelle ou la peur de l'inconnu, conduisant à une résistance au changement.

4

Il pose des défis significatifs pour la collaboration inter-organisationnelle et le partage des connaissances, essentiels dans l'environnement globalisé actuel.

Explication du biais

L’effet « pas inventé ici » (NIH, pour « Not Invented Here ») est un biais cognitif illustrant la tendance des individus ou des organisations à rejeter les idées, les produits ou les connaissances simplement parce qu’ils proviennent de l’extérieur de leur propre groupe, entreprise ou institution. Ce biais révèle une préférence irrationnelle pour les solutions internes, même lorsque des alternatives externes supérieures sont disponibles, sous-tendant une forme de biais de confirmation, où les individus privilégient les informations ou les idées qui confirment leurs croyances ou leurs stratégies préexistantes, en ignorant ou en minimisant les données contradictoires ou les perspectives alternatives.

Contrairement au biais de confirmation qui porte sur la recherche et l’interprétation sélective des informations pour confirmer ses propres croyances, l’effet NIH se concentre sur la source de l’idée ou de la solution, indépendamment de sa validité ou de son efficacité. C’est une manifestation de la résistance au changement et de la peur de l’inconnu, reflétant une forme de protectionnisme intellectuel et organisationnel. Ce biais peut être alimenté par plusieurs facteurs psychologiques, tels que la fierté organisationnelle, la peur de perdre le contrôle ou l’autonomie, et le besoin de validation interne pour les efforts et les investissements déjà réalisés.

L’effet NIH limite non seulement l’adoption de solutions innovantes et efficaces, mais peut également conduire à une redondance des efforts, à une augmentation des coûts et à un gaspillage de ressources, en investissant dans le développement de solutions qui existent déjà ailleurs sous une forme optimisée. De plus, cela peut entraver la collaboration et le partage des connaissances entre organisations, secteurs ou pays, créant des silos qui empêchent la croissance collective et l’innovation.

Comparativement, le syndrome du « non inventé par moi », un cousin proche du NIH, décrit une situation où les individus ne valorisent pas les idées ou les contributions parce qu’ils n’en sont pas personnellement les auteurs. Tandis que le NIH est orienté vers une préférence organisationnelle ou groupale, le syndrome du « non inventé par moi » reflète une dimension plus personnelle de ce biais, mettant en lumière comment l’ego et le besoin de reconnaissance personnelle peuvent influencer la perception de la valeur des idées.

L’effet NIH souligne l’importance de cultiver une culture organisationnelle ouverte et inclusive, valorisant la curiosité, le partage des connaissances et l’appréciation des contributions externes. Reconnaître et surmonter ce biais nécessite une volonté délibérée de remettre en question les pratiques existantes, d’explorer activement et d’évaluer objectivement les solutions externes, et de développer des stratégies pour intégrer efficacement ces solutions dans les processus et les produits existants. En fin de compte, une telle approche non seulement enrichit la créativité et l’innovation mais renforce également la compétitivité et la durabilité à long terme.

Origine du biais

L’origine du terme « effet pas inventé ici » (NIH, pour « Not Invented Here ») remonte aux années 1950 et 1960, période durant laquelle il a commencé à être utilisé dans le milieu des affaires et de la technologie pour décrire la résistance des organisations à adopter des idées ou des produits externes. Bien que le concept soit largement reconnu et discuté dans la littérature managériale et organisationnelle, il est difficile d’attribuer sa première identification à une personne ou un groupe spécifique. Le phénomène a été observé et documenté par de nombreux chercheurs, managers et consultants qui ont noté cette tendance dans diverses industries.

Le NIH est souvent considéré comme une manifestation de biais cognitifs plus larges, tels que le biais de confirmation et le biais de statu quo, où les individus et les organisations montrent une préférence pour les solutions familières et éprouvées, en évitant le risque associé à l’exploration de nouvelles voies. Ce biais est également lié à des concepts psychologiques tels que la dissonance cognitive, où l’adoption d’idées ou de technologies externes pourrait remettre en question la validité des choix et des efforts antérieurs, provoquant un inconfort psychologique chez les décideurs.

Dans les années suivant sa reconnaissance, le NIH a été étudié plus formellement dans le cadre de la gestion de l’innovation et de la recherche sur la prise de décision organisationnelle. Des chercheurs comme Ralph Katz et Thomas J. Allen ont exploré les implications du NIH sur la capacité d’innovation des entreprises, soulignant comment ce biais peut limiter l’absorption de connaissances externes cruciales pour le développement et l’innovation de produits. Ils ont suggéré que pour surmonter le NIH, les organisations doivent cultiver des pratiques qui encouragent la curiosité, la collaboration externe et l’appréciation des contributions indépendamment de leur origine.

Au fil des ans, l’effet NIH est devenu un sujet d’intérêt non seulement dans le domaine des affaires et de la technologie mais aussi dans la recherche en psychologie sociale, où il est examiné comme exemple de la façon dont les identités de groupe et les normes culturelles influencent le jugement et la prise de décision. Cette reconnaissance croisée a aidé à élaborer des stratégies pour atténuer l’effet NIH, telles que le développement de partenariats stratégiques, l’engagement dans des réseaux de connaissances ouverts et la promotion de la diversité cognitive au sein des équipes de projet.

En résumé, bien que l’identification précise de l’origine du biais NIH soit difficile à établir, son exploration a fourni des insights précieux sur les dynamiques organisationnelles et psychologiques qui entravent l’innovation. Comprendre et adresser le NIH est crucial pour les organisations qui cherchent à rester compétitives et innovantes dans un environnement de plus en plus interconnecté et en rapide évolution.

Exemples

Affaires

Une entreprise peut rejeter une technologie révolutionnaire proposée par un concurrent simplement parce qu'elle n'a pas été développée en interne, manquant ainsi une opportunité d'améliorer ses opérations ou ses produits.

Recherche

Des chercheurs d'un institut peuvent ignorer des découvertes importantes réalisées par d'autres institutions, limitant potentiellement l'avancement de leur propre travail scientifique.

Politique

Un gouvernement peut refuser d'adopter des politiques publiques efficaces utilisées dans d'autres pays en raison du sentiment que ces solutions ne sont pas adaptées à leur propre contexte culturel ou politique, même si elles pourraient résoudre des problèmes similaires.

Technologie

Une équipe de développement logiciel peut choisir de construire une solution à partir de zéro plutôt que d'utiliser des outils open source éprouvés, augmentant le coût et le temps de développement sans bénéfice clair.

Pour aller plus loin

Biais Cognitif – Syndrome « pas inventé ici » - DantotsuPM

Not invented here - Wikipédia

NIH (facteur ou syndrome) - E-marketing

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