L’effet « pas inventé ici » (NIH, pour « Not Invented Here ») est un biais cognitif illustrant la tendance des individus ou des organisations à rejeter les idées, les produits ou les connaissances simplement parce qu’ils proviennent de l’extérieur de leur propre groupe, entreprise ou institution. Ce biais révèle une préférence irrationnelle pour les solutions internes, même lorsque des alternatives externes supérieures sont disponibles, sous-tendant une forme de biais de confirmation, où les individus privilégient les informations ou les idées qui confirment leurs croyances ou leurs stratégies préexistantes, en ignorant ou en minimisant les données contradictoires ou les perspectives alternatives.
Contrairement au biais de confirmation qui porte sur la recherche et l’interprétation sélective des informations pour confirmer ses propres croyances, l’effet NIH se concentre sur la source de l’idée ou de la solution, indépendamment de sa validité ou de son efficacité. C’est une manifestation de la résistance au changement et de la peur de l’inconnu, reflétant une forme de protectionnisme intellectuel et organisationnel. Ce biais peut être alimenté par plusieurs facteurs psychologiques, tels que la fierté organisationnelle, la peur de perdre le contrôle ou l’autonomie, et le besoin de validation interne pour les efforts et les investissements déjà réalisés.
L’effet NIH limite non seulement l’adoption de solutions innovantes et efficaces, mais peut également conduire à une redondance des efforts, à une augmentation des coûts et à un gaspillage de ressources, en investissant dans le développement de solutions qui existent déjà ailleurs sous une forme optimisée. De plus, cela peut entraver la collaboration et le partage des connaissances entre organisations, secteurs ou pays, créant des silos qui empêchent la croissance collective et l’innovation.
Comparativement, le syndrome du « non inventé par moi », un cousin proche du NIH, décrit une situation où les individus ne valorisent pas les idées ou les contributions parce qu’ils n’en sont pas personnellement les auteurs. Tandis que le NIH est orienté vers une préférence organisationnelle ou groupale, le syndrome du « non inventé par moi » reflète une dimension plus personnelle de ce biais, mettant en lumière comment l’ego et le besoin de reconnaissance personnelle peuvent influencer la perception de la valeur des idées.
L’effet NIH souligne l’importance de cultiver une culture organisationnelle ouverte et inclusive, valorisant la curiosité, le partage des connaissances et l’appréciation des contributions externes. Reconnaître et surmonter ce biais nécessite une volonté délibérée de remettre en question les pratiques existantes, d’explorer activement et d’évaluer objectivement les solutions externes, et de développer des stratégies pour intégrer efficacement ces solutions dans les processus et les produits existants. En fin de compte, une telle approche non seulement enrichit la créativité et l’innovation mais renforce également la compétitivité et la durabilité à long terme.