Biais de stabilité

Sommaire

Tendance à surestimer la constance, sous-estimant les changements et les incertitudes.

Points à retenir

1

Le biais de stabilité conduit à considérer certaines données ou statistiques comme invariables, créant une fausse sécurité dans leur constance.

2

Il engendre une sous-estimation des risques potentiels ou des changements inattendus, en s'appuyant sur des probabilités jugées stables.

3

Ce biais se manifeste souvent par l'ignorance des événements historiques ou des tendances qui pourraient contredire l'idée de stabilité.

4

Dans le contexte de la mémoire humaine, il s'exprime par l'incapacité à prévoir l'oubli ou les modifications de souvenirs avec le temps.

Explication du biais

Le biais de stabilité (ou attachements insoupçonnés) est intrinsèquement lié à la perception que les individus ont de leur environnement et de leurs croyances. Il s’agit d’une tendance à croire que les circonstances, les données ou les probabilités restent constantes ou stables avec le temps, même en présence d’informations changeantes ou de nouvelles preuves. Les individus sous l’influence de ce biais ont tendance à ignorer les changements potentiels et à s’accrocher à leurs premières évaluations ou informations. Par exemple, dans le cas de la catastrophe de Fukushima, les responsables ont sous-estimé le risque en s’appuyant sur des données historiques et en négligeant des informations critiques qui auraient pu indiquer un risque plus élevé.

En comparaison, le biais de statu quo se réfère à la préférence pour les options et les décisions actuelles, résistant au changement même en présence d’options potentiellement plus avantageuses. Ce biais est alimenté par le confort et la familiarité avec l’état actuel des choses, ainsi que par la peur de l’inconnu ou du changement. Contrairement au biais de stabilité qui est une surestimation de la constance des données ou des circonstances, le biais de statu quo est un attachement émotionnel et comportemental au présent.

Bien que différents dans leurs mécanismes sous-jacents, les deux biais se rejoignent dans leur résistance au changement. Tandis que le biais de stabilité est ancré dans la perception et l’évaluation des informations, le biais de statu quo est davantage lié à l’action et à la décision. Les deux peuvent conduire à des résultats suboptimaux, comme la prise de décisions basées sur des informations dépassées ou le maintien de pratiques inefficaces par confort et familiarité.

Origine du biais

L’origine et la documentation du biais de stabilité dans la littérature psychologique ne sont pas attribuées à un individu ou une équipe spécifique. Contrairement à d’autres biais cognitifs clairement identifiés par des chercheurs spécifiques, le concept de stabilité et son impact sur la prise de décision et la perception ont été progressivement reconnus et étudiés dans divers contextes au fil du temps.

Le biais de stabilité est lié à des concepts fondamentaux en psychologie cognitive et en économie comportementale, où l’étude de la prise de décision humaine et des erreurs systématiques dans le jugement joue un rôle central. Les chercheurs ont exploré comment les individus traitent et se fient aux informations, en particulier dans des contextes où la constance est supposée. Ces études ont mis en évidence la tendance des individus à s’accrocher à des modèles prédictifs, même face à des preuves contraires.

Dans la pratique, le biais de stabilité a été observé dans divers domaines allant de la finance et de l’économie (où les acteurs du marché peuvent supposer à tort que les conditions actuelles resteront stables) à la planification urbaine et la gestion des catastrophes (où les planificateurs peuvent ne pas tenir compte de données historiques significatives, conduisant à des préparations inadéquates pour des événements rares mais catastrophiques).

Exemples

Catastrophes naturelles

Les ingénieurs de la centrale nucléaire de Fukushima ont basé la construction du mur de protection sur les statistiques de tsunamis depuis 1960, omettant les tsunamis historiquement plus importants. Lorsque le tsunami de 2011 a frappé, ses 14 mètres de hauteur ont surpassé les 6 mètres anticipés, démontrant ainsi le biais de stabilité dans l'évaluation des risques naturels.

Industrie pétrolière

En 2010, la plate-forme pétrolière exploitée par BP dans le golfe du Mexique a explosé, malgré les assurances du Directeur général de BP que l'accident avait une probabilité d'une chance sur un million. Ce scénario montre comment le biais de stabilité peut mener à sous-évaluer des risques dans des situations hautement complexes et potentiellement dangereuses.

Mémoire humaine

Les individus ont tendance à croire que leur mémoire actuelle des événements restera inchangée dans le futur. Cette perception ignore le fait que la mémoire humaine évolue avec le temps, et les souvenirs peuvent se modifier ou s'effacer, illustrant le biais de stabilité dans le contexte de la mémoire et de l'apprentissage.

Pour aller plus loin

Biais de stabilité, éviter les pièges de la pensée - La Toupie

Le biais de stabilité - Jean Marie Champeau

Comment éviter de prendre les mauvaises décisions au bureau - Capital

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