L’effet d’espacement, bien que reconnu et utilisé instinctivement à travers l’histoire de l’éducation, a été scientifiquement exploré et défini au sein de la psychologie cognitive au cours du 19ème siècle. Le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus, un pionnier dans l’étude de la mémoire, a été parmi les premiers à documenter systématiquement cet effet dans les années 1880. À travers ses expérimentations sur lui-même, Ebbinghaus a découvert la courbe de l’oubli, qui démontre comment l’information est perdue au fil du temps quand il n’y a pas de tentative de la retenir. Cependant, il a également observé que la rétention de l’information s’améliorait considérablement avec des répétitions espacées, posant ainsi les bases de ce qui serait plus tard connu sous le nom d’effet d’espacement.
Les recherches d’Ebbinghaus ont été fondamentales pour établir le lien entre la répartition du temps d’étude et l’amélioration de la mémoire à long terme, mais c’est au 20ème siècle que l’effet d’espacement a été plus largement étudié et conceptualisé dans le cadre de la psychologie de l’éducation. Des chercheurs comme Cecil Alec Mace, dans les années 1930, ont contribué à populariser l’idée que la distribution des sessions d’apprentissage était une stratégie plus efficace que l’approche concentrée. Mace a exploré comment l’espacement des répétitions pouvait augmenter la rétention et l’applicabilité des connaissances acquises.
Au fil des décennies, l’effet d’espacement a fait l’objet de nombreuses études empiriques qui ont cherché à comprendre et à optimiser son application dans différents contextes d’apprentissage. Des psychologues comme Robert Bjork, dans les années 1970 et 1980, ont apporté des contributions significatives à la théorie de l’apprentissage en démontrant comment des techniques d’espacement spécifiques pouvaient être utilisées pour renforcer la mémoire et le rappel.
La recherche sur l’effet d’espacement s’est également étendue au-delà du domaine de la psychologie pour inclure des domaines tels que la neurosciences et l’éducation, où des chercheurs ont exploré les mécanismes neuronaux sous-jacents et les applications pratiques de l’effet. L’intérêt pour cet effet a connu une résurgence au début du 21ème siècle, avec des études qui ont exploré son utilisation dans les technologies d’apprentissage numérique, la formation professionnelle, et même la santé mentale et la réhabilitation.
Malgré la diversité des chercheurs et des disciplines qui ont exploré l’effet d’espacement, l’origine de ce phénomène réside dans les observations initiales d’Ebbinghaus et dans les principes de base de la mémoire et de l’apprentissage qu’il a aidé à établir. Ces principes continuent d’informer et d’inspirer les méthodes d’enseignement et d’apprentissage dans le monde entier, démontrant la valeur intemporelle de l’espacement stratégique des informations pour maximiser la rétention et la compréhension.