Effet d’espacement

Sommaire

Tendance à mieux retenir et comprendre l'information grâce à des sessions d'apprentissage espacées dans le temps, plutôt qu'à des sessions groupées.

Points à retenir

1

L'effet d'espacement montre que les informations apprises au fil du temps sont plus susceptibles d'être conservées dans la mémoire à long terme par rapport à celles étudiées en une seule session intensive.

2

La répétition espacée des informations aide à renforcer les connexions neuronales associées à ces informations, facilitant le rappel ultérieur.

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Cet effet suggère que la planification de sessions d'étude espacées est une stratégie d'apprentissage plus efficace que le bourrage (ou "cramming") avant un test ou un examen.

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Bien que souvent associé à l'éducation, l'effet d'espacement a des applications dans la formation professionnelle, la rééducation cognitive et l'acquisition de compétences.

Explication du biais

L’effet d’espacement illustre comment l’apprentissage réparti sur plusieurs sessions séparées par des intervalles de temps favorise une meilleure mémorisation et compréhension des informations par rapport à des sessions concentrées en un seul bloc. Ce principe repose sur la notion que la réactivation périodique des connaissances dans la mémoire à long terme renforce les chemins neuronaux associés, facilitant ainsi le rappel futur.

L’efficacité de cet effet réside dans son exploitation de l’oubli naturel qui intervient entre les sessions d’apprentissage. Chaque fois que l’information est rappelée après avoir commencé à s’effacer de la mémoire, le processus de mémorisation s’en trouve renforcé. En d’autres termes, la difficulté légèrement accrue pour se rappeler de l’information après un certain délai contribue à solidifier cette information dans la mémoire à long terme. C’est une application pratique de la théorie de l’effort désirable, qui postule que les efforts cognitifs supplémentaires exigés pour récupérer une information rendent cette récupération plus efficace à long terme.

Par ailleurs, l’effet d’espacement favorise également l’encodage élaboratif, c’est-à-dire le processus par lequel les apprenants établissent des liens significatifs entre les nouvelles informations et celles déjà stockées dans leur mémoire. En espaçant les sessions d’étude, les individus disposent de plus de temps pour réfléchir sur le matériel appris, pour l’intégrer de manière plus complète à leurs connaissances préexistantes et pour développer une compréhension plus profonde.

L’application de l’effet d’espacement n’est pas limitée à l’apprentissage académique ; elle s’étend également à d’autres domaines tels que l’acquisition de compétences, la formation professionnelle et même la réhabilitation médicale. L’adoption de cette stratégie d’apprentissage peut donc transformer radicalement l’efficacité avec laquelle l’information est acquise et retenue, ouvrant la voie à des approches pédagogiques et thérapeutiques plus efficaces.

Origine du biais

L’effet d’espacement, bien que reconnu et utilisé instinctivement à travers l’histoire de l’éducation, a été scientifiquement exploré et défini au sein de la psychologie cognitive au cours du 19ème siècle. Le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus, un pionnier dans l’étude de la mémoire, a été parmi les premiers à documenter systématiquement cet effet dans les années 1880. À travers ses expérimentations sur lui-même, Ebbinghaus a découvert la courbe de l’oubli, qui démontre comment l’information est perdue au fil du temps quand il n’y a pas de tentative de la retenir. Cependant, il a également observé que la rétention de l’information s’améliorait considérablement avec des répétitions espacées, posant ainsi les bases de ce qui serait plus tard connu sous le nom d’effet d’espacement.

Les recherches d’Ebbinghaus ont été fondamentales pour établir le lien entre la répartition du temps d’étude et l’amélioration de la mémoire à long terme, mais c’est au 20ème siècle que l’effet d’espacement a été plus largement étudié et conceptualisé dans le cadre de la psychologie de l’éducation. Des chercheurs comme Cecil Alec Mace, dans les années 1930, ont contribué à populariser l’idée que la distribution des sessions d’apprentissage était une stratégie plus efficace que l’approche concentrée. Mace a exploré comment l’espacement des répétitions pouvait augmenter la rétention et l’applicabilité des connaissances acquises.

Au fil des décennies, l’effet d’espacement a fait l’objet de nombreuses études empiriques qui ont cherché à comprendre et à optimiser son application dans différents contextes d’apprentissage. Des psychologues comme Robert Bjork, dans les années 1970 et 1980, ont apporté des contributions significatives à la théorie de l’apprentissage en démontrant comment des techniques d’espacement spécifiques pouvaient être utilisées pour renforcer la mémoire et le rappel.

La recherche sur l’effet d’espacement s’est également étendue au-delà du domaine de la psychologie pour inclure des domaines tels que la neurosciences et l’éducation, où des chercheurs ont exploré les mécanismes neuronaux sous-jacents et les applications pratiques de l’effet. L’intérêt pour cet effet a connu une résurgence au début du 21ème siècle, avec des études qui ont exploré son utilisation dans les technologies d’apprentissage numérique, la formation professionnelle, et même la santé mentale et la réhabilitation.

Malgré la diversité des chercheurs et des disciplines qui ont exploré l’effet d’espacement, l’origine de ce phénomène réside dans les observations initiales d’Ebbinghaus et dans les principes de base de la mémoire et de l’apprentissage qu’il a aidé à établir. Ces principes continuent d’informer et d’inspirer les méthodes d’enseignement et d’apprentissage dans le monde entier, démontrant la valeur intemporelle de l’espacement stratégique des informations pour maximiser la rétention et la compréhension.

Exemples

Éducation

Un étudiant qui étudie un peu chaque jour pour son cours de biologie réussira mieux à l'examen que son camarade qui essaie de tout apprendre la veille.

Travail

Une entreprise qui organise de courtes sessions de formation en sécurité au travail étalées sur un mois remarquera que les employés retiennent mieux les consignes que lors d'une longue session unique.

Apprentissage d'une langue

Une personne apprenant une nouvelle langue par quelques mots nouveaux chaque jour parlera plus couramment que celle qui tente d'absorber une grande quantité de contenu en peu de temps.

Après une maladie

Un patient suivant des séances de thérapie courtes et régulières après un AVC récupérera mieux ses fonctions cognitives que celui qui suit une thérapie intensive sur quelques jours seulement.

Pour aller plus loin

L’effet de spacing ou comment garantir un apprentissage durable - Didask

Effets d’espacement et de répétition en contexte scolaire - Neuroeducation

L'oubli n'est pas l'ennemi de l'apprentissage - Apprentx

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