L’origine du biais de familiarité trouve ses racines dans les études de psychologie cognitive et comportementale, qui ont exploré comment nos préférences et décisions sont influencées par notre familiarité avec certains stimuli. Les premières indications de ce biais ont été mises en évidence par les travaux des psychologues Chip Heath et Amos Tversky en 1991. Leur recherche a démontré que dans des situations de choix, les individus ont tendance à opter pour des options familières, même lorsque d’autres alternatives offrent des chances de succès équivalentes. Cette tendance a été observée dans divers contextes, allant des décisions d’investissement à des choix quotidiens.
Le biais de familiarité est lié à plusieurs concepts fondamentaux de la psychologie. D’une part, il se rapporte à l’effet de simple exposition, un phénomène où la répétition augmente la préférence. D’autre part, il est associé à notre aversion naturelle au risque et à l’incertitude. Face à l’inconnu, notre instinct est souvent de nous en éloigner ou de le traiter avec méfiance, tandis que le familier nous procure un sentiment de sécurité et de confort.
Ce biais est également renforcé par des facteurs cognitifs et émotionnels. La familiarité facilite le traitement cognitif, rendant les choix familiers moins exigeants en termes de ressources mentales. Sur le plan émotionnel, les éléments familiers suscitent souvent des sentiments positifs ou de confort, ce qui peut influencer inconsciemment nos décisions.
La préférence pour la familiarité peut aussi être vue sous l’angle de la théorie de l’attachement, où les individus développent un lien émotionnel avec ce qui leur est familier, renforçant ainsi leur préférence pour ces éléments. Cette tendance peut être particulièrement forte dans les situations où il existe un manque d’informations ou une incertitude significative, où les choix familiers servent de refuge sûr.
Dans le contexte de l’investissement, le biais de familiarité a été étudié pour comprendre pourquoi les investisseurs ont tendance à privilégier les actions de leur pays (biais national), les actions de leur entreprise (biais de l’employeur), ou les entreprises locales (biais local). Cette inclination reflète une combinaison de préférence pour le familier et une sous-estimation du potentiel des options moins connues.