Biais de familiarité

Sommaire

Tendance à préférer, croire ou se fier davantage à ce qui est familier, connu ou routinier, plutôt qu'à l'inconnu.

Points à retenir

1

Forte préférence à opter pour des options, des idées ou des personnes familières.

2

Ce biais peut affecter les choix personnels et professionnels, favorisant ce qui est déjà connu.

3

Tendance à éviter ou à être méfiant envers les nouvelles expériences, idées ou personnes.

4

Les informations ou stimuli familiers sont souvent perçus comme plus fiables ou avantageux.

Explication du biais

Le biais de familiarité est un phénomène cognitif où les individus ont tendance à favoriser, à faire davantage confiance, et à surévaluer ce qui est familier ou connu, même de manière superficielle. Ce biais reflète une préférence pour la familiarité et se manifeste lorsque les gens jugent quelque chose de connu comme étant intrinsèquement supérieur ou plus approprié, souvent sans reconnaître que c’est l’habitude et la familiarité qui influencent leur choix.

Ce biais peut être considéré comme une forme de paresse intellectuelle, où choisir ce qui est connu devient une stratégie pour minimiser l’effort cognitif et le sentiment d’incertitude. Les gens sont plus enclins à se fier à ce qui est familier parce que cela offre un sentiment de confort et de sécurité. Cette tendance est renforcée par le fait que les individus n’admettent pas toujours que la familiarité est le principal moteur de leurs préférences ou décisions.

Dans la pratique, le biais de familiarité conduit à des jugements et des décisions qui ne sont pas nécessairement basés sur la qualité objective ou la pertinence, mais plutôt sur la reconnaissance et le confort procurés par la familiarité. Cela peut conduire à des évaluations inexactes et à des choix qui ne sont pas optimisés, limitant la diversité et l’exploration de nouvelles options ou perspectives.

Origine du biais

L’origine du biais de familiarité trouve ses racines dans les études de psychologie cognitive et comportementale, qui ont exploré comment nos préférences et décisions sont influencées par notre familiarité avec certains stimuli. Les premières indications de ce biais ont été mises en évidence par les travaux des psychologues Chip Heath et Amos Tversky en 1991. Leur recherche a démontré que dans des situations de choix, les individus ont tendance à opter pour des options familières, même lorsque d’autres alternatives offrent des chances de succès équivalentes. Cette tendance a été observée dans divers contextes, allant des décisions d’investissement à des choix quotidiens.

Le biais de familiarité est lié à plusieurs concepts fondamentaux de la psychologie. D’une part, il se rapporte à l’effet de simple exposition, un phénomène où la répétition augmente la préférence. D’autre part, il est associé à notre aversion naturelle au risque et à l’incertitude. Face à l’inconnu, notre instinct est souvent de nous en éloigner ou de le traiter avec méfiance, tandis que le familier nous procure un sentiment de sécurité et de confort.

Ce biais est également renforcé par des facteurs cognitifs et émotionnels. La familiarité facilite le traitement cognitif, rendant les choix familiers moins exigeants en termes de ressources mentales. Sur le plan émotionnel, les éléments familiers suscitent souvent des sentiments positifs ou de confort, ce qui peut influencer inconsciemment nos décisions.

La préférence pour la familiarité peut aussi être vue sous l’angle de la théorie de l’attachement, où les individus développent un lien émotionnel avec ce qui leur est familier, renforçant ainsi leur préférence pour ces éléments. Cette tendance peut être particulièrement forte dans les situations où il existe un manque d’informations ou une incertitude significative, où les choix familiers servent de refuge sûr.

Dans le contexte de l’investissement, le biais de familiarité a été étudié pour comprendre pourquoi les investisseurs ont tendance à privilégier les actions de leur pays (biais national), les actions de leur entreprise (biais de l’employeur), ou les entreprises locales (biais local). Cette inclination reflète une combinaison de préférence pour le familier et une sous-estimation du potentiel des options moins connues.

Exemples

Consommation

Les consommateurs se tournent naturellement vers les marques qu'ils connaissent le plus, même sans les avoir essayées, ne les connaissant que par la publicité.

Recrutement

Un DRH peut être influencé par le profil de ceux qui sont déjà salariés dans l'entreprise, au détriment de la diversité.

Investissement

Les investisseurs privilégient souvent les actions de leur pays ou de leur employeur, pensant être mieux placés pour connaître leur état et leurs capacités de développement.

Perception générale

Chaque génération tend à croire qu'elle vit dans une période de changements majeurs et rapides. Cette impression est due au fait que c'est la seule époque qu'ils vivent et connaissent vraiment, rendant tout changement qu'ils expérimentent le plus marquant à leurs yeux.

Pour aller plus loin

Biais de familiarité, éviter les pièges de la pensée - La Toupie

Biais cognitif : Biais de familiarité - Neuroprofiler

Les illusions, le biais de familiarité - Jean Marie Champeau

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