Biais pro-endogroupe

Autre nom : Erreur ultime d'attribution ou Ethnocentrisme

Sommaire

Tendance à favoriser les membres de son propre groupe par rapport aux membres des groupes externes, créant ainsi des préférences souvent irrationnelles.

Points à retenir

1

Le biais pro-endogroupe pousse à préférer les personnes appartenant à notre groupe (famille, amis, collègues, nationalité, etc.) par rapport aux autres.

2

Ce biais est un mécanisme de survie évolutif qui favorise la cohésion et la solidarité au sein d'un groupe.

3

Il peut mener à des comportements discriminatoires ou à une perception négative des membres des groupes externes.

4

Le biais pro-endogroupe est une source de stéréotypes et peut être un obstacle à l'intégration sociale et à la coopération entre différents groupes.

Explication du biais

Le biais pro-endogroupe est un mécanisme psychologique par lequel nous avons tendance à favoriser les membres de notre propre groupe par rapport aux membres des groupes extérieurs. Ce biais s’enracine profondément dans notre histoire évolutive, où la survie dépendait de la capacité à former des alliances fortes et de confiance avec les personnes de notre propre groupe. Cela favorisait la coopération, la protection mutuelle, et permettait de mieux se défendre contre les menaces extérieures.

Ce biais est également étroitement lié au besoin humain de se sentir appartenir à un groupe. Ce besoin d’appartenance crée une tendance naturelle à se montrer plus favorable envers les personnes avec lesquelles nous partageons une identité commune. Les différences, même mineures, entre groupes peuvent être amplifiées par le biais pro-endogroupe, ce qui renforce les divisions sociales et culturelles. Ainsi, nous sommes plus enclins à attribuer des caractéristiques positives aux membres de notre groupe (l’endogroupe) et à attribuer des caractéristiques négatives aux membres des autres groupes (les exogroupes).

Le biais pro-endogroupe se manifeste dans divers aspects de notre vie quotidienne. Par exemple, il peut conduire à des préjugés en milieu de travail, où des employés qui appartiennent au même groupe social ou culturel que leur supérieur peuvent recevoir un traitement préférentiel, même s’ils ne sont pas plus compétents que leurs collègues. Cela peut également se produire dans des contextes sportifs, où les supporters sont souvent aveuglés par leur loyauté envers leur équipe et peuvent minimiser les performances des équipes adverses.

Ce biais joue aussi un rôle clé dans la formation des stéréotypes et des préjugés. En accentuant les différences entre les groupes, il contribue à renforcer les idées préconçues sur les autres, ce qui peut aboutir à des attitudes discriminatoires. Les stéréotypes négatifs à l’encontre des membres d’autres groupes peuvent ainsi empêcher une véritable compréhension et coopération entre les individus.

 

Origine du biais

L’origine du biais pro-endogroupe peut être attribuée à des mécanismes évolutifs qui ont favorisé la survie et la reproduction. Dans les sociétés anciennes, appartenir à un groupe était crucial pour la survie. Les groupes offraient une protection contre les prédateurs, permettaient de partager les ressources, et facilitaient la coopération pour atteindre des objectifs communs. Ainsi, favoriser les membres de son propre groupe était bénéfique pour l’individu et augmentait ses chances de survie. Ce comportement s’est renforcé au fil du temps et est devenu profondément ancré dans notre psyché.

Les premières études sur le biais pro-endogroupe ont été menées par des psychologues sociaux tels que Henri Tajfel. Tajfel est connu pour ses travaux sur la théorie de l’identité sociale, qui expliquent comment les individus se définissent par rapport aux groupes auxquels ils appartiennent. Selon Tajfel, les individus cherchent à améliorer leur estime de soi en favorisant leur groupe d’appartenance, ce qui conduit au biais pro-endogroupe. Ses célèbres expériences sur la catégorisation minimale ont montré que même des distinctions arbitraires entre les groupes suffisent à créer des préférences pour l’endogroupe.

Au cours du XXe siècle, les travaux de chercheurs tels que Muzafer Sherif ont également contribué à la compréhension du biais pro-endogroupe. L’expérience de la caverne des voleurs de Sherif a montré comment la simple formation de groupes pouvait engendrer des conflits et des préjugés entre les membres de différents groupes. Lorsque les groupes sont mis en compétition pour des ressources limitées, les membres favorisent leur propre groupe et développent des attitudes négatives envers les autres groupes.

La psychologie évolutionniste apporte également des explications sur l’origine du biais pro-endogroupe. Favoriser l’endogroupe était un moyen efficace d’assurer la coopération et la solidarité au sein du groupe, ce qui augmentait les chances de survie dans des environnements hostiles. Cette préférence pour l’endogroupe persiste aujourd’hui, même si les conditions de vie modernes ne nécessitent plus les mêmes stratégies de survie.

Exemples

Travail

Un manager qui favorise inconsciemment les employés qu'il connaît mieux ou avec lesquels il a des affinités, leur offrant plus d'opportunités que les autres.

Sport

Les supporters de football qui croient que leur équipe est toujours meilleure que les autres, même en dépit des preuves contraires.

Éducation

Un enseignant peut se montrer plus indulgent envers les élèves qui partagent ses origines ou ses centres d'intérêt, influençant ainsi son évaluation de manière biaisée.

Relations sociales

Lorsqu'on rencontre une personne étrangère à notre cercle habituel, on peut éprouver une méfiance initiale simplement parce qu'elle ne fait pas partie de notre groupe.

Pour aller plus loin

Biais pro-endogroupe - Shortcogs

Biais d’endogroupe et favoritisme - Les cahiers de l'innovation

Erreur ultime d'attribution - La toupie, éviter les pièges de la pensée

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