Effet d’humour

Sommaire

Tendance à mieux se souvenir d'informations accompagnées d'humour, même si celles-ci sont moins importantes ou moins pertinentes.

Points à retenir

1

L'effet d'humour améliore la mémorisation en rendant les informations plus engageantes et agréables.

2

L'humour capte l'attention, ce qui facilite le traitement et la rétention de l'information.

3

Les informations humoristiques sont souvent perçues comme plus intéressantes et donc plus facilement mémorisées.

4

Cet effet peut biaiser les priorités, en faisant privilégier des informations amusantes plutôt que des informations cruciales.

Explication du biais

L’effet d’humour est ancré dans la manière dont notre cerveau traite et stocke l’information. Lorsque nous rions ou trouvons quelque chose d’amusant, notre cerveau libère des endorphines, qui sont des neurotransmetteurs associés au plaisir et à la réduction du stress. Ces substances chimiques créent un état émotionnel positif qui peut améliorer notre capacité à retenir l’information. En d’autres termes, l’humour rend l’apprentissage et la mémorisation plus agréables, ce qui renforce la probabilité de se souvenir des informations associées à ces moments agréables.

L’humour crée un point de focalisation émotionnel qui rend les informations plus saillantes et mémorables. Contrairement aux autres biais, qui peuvent être basés sur des erreurs de jugement ou des distorsions de la réalité, l’effet d’humour est principalement lié à l’amélioration de l’engagement émotionnel et cognitif.

Une des raisons pour lesquelles l’humour est si efficace est qu’il capte notre attention de manière unique. Dans un monde saturé d’informations, les éléments humoristiques se démarquent et attirent notre focus. L’attention est une ressource cognitive limitée, et lorsque quelque chose nous fait rire, nous y prêtons plus d’attention, ce qui facilite le traitement en profondeur de l’information. Ce processus de traitement en profondeur est crucial pour la mémorisation à long terme.

De plus, l’humour nécessite souvent une certaine forme de résolution de l’incongruité, où nous devons comprendre pourquoi quelque chose est drôle. Ce processus cognitif engage des parties du cerveau responsables de la résolution de problèmes et de la pensée critique. Par conséquent, l’effort mental supplémentaire pour comprendre une blague ou une situation humoristique renforce encore plus la rétention de l’information associée.

Cependant, l’effet d’humour peut également avoir des inconvénients. Par exemple, il peut biaiser notre perception de l’importance des informations. Les éléments humoristiques peuvent rendre des informations moins pertinentes plus mémorables au détriment de faits plus importants mais moins divertissants. Cela peut être particulièrement problématique dans des contextes comme l’éducation ou la formation professionnelle, où la mémorisation de détails précis est cruciale.

Par ailleurs, l’effet d’humour peut varier en fonction des différences individuelles et culturelles. Ce qui est drôle pour une personne peut ne pas l’être pour une autre, et les références humoristiques peuvent ne pas se traduire efficacement à travers différentes cultures. Cette variabilité peut limiter l’universalité de l’humour comme outil pédagogique ou de communication.

Origine du biais

L’origine de l’effet d’humour remonte aux recherches en psychologie cognitive et aux études sur la mémoire et l’apprentissage. Ce biais a été exploré par divers psychologues et chercheurs qui se sont intéressés à la manière dont l’humour influence la cognition humaine. Une des figures marquantes dans ce domaine est Richard E. Mayer, un psychologue éducatif reconnu pour ses travaux sur l’apprentissage multimédia. Mayer a étudié comment l’intégration d’éléments humoristiques dans des matériaux éducatifs peut améliorer la rétention et la compréhension des informations.

Les recherches sur l’effet d’humour trouvent également leurs racines dans les théories de l’apprentissage émotionnel. Des chercheurs comme Daniel Goleman, connu pour son travail sur l’intelligence émotionnelle, ont montré que les émotions jouent un rôle crucial dans la façon dont nous assimilons et mémorisons les informations. L’humour, en tant qu’émotion positive, crée un état mental favorable à l’apprentissage en réduisant le stress et en augmentant l’engagement.

Une autre source importante de l’étude de l’effet d’humour provient de la neuropsychologie. Des études utilisant l’imagerie cérébrale ont montré que l’humour active des régions spécifiques du cerveau liées à la récompense et à la motivation, comme le cortex préfrontal et le noyau accumbens. Ces découvertes ont été renforcées par les travaux de neuroscientifiques comme Robert Provine, qui a exploré les mécanismes neurologiques du rire et de l’humour.

L’intérêt académique pour l’humour et la cognition a également été alimenté par des recherches en pédagogie. Des éducateurs ont longtemps observé que les étudiants semblent plus engagés et retiennent mieux les informations lorsqu’elles sont présentées de manière amusante. Cela a conduit à des études empiriques visant à quantifier cet effet et à comprendre ses mécanismes sous-jacents. Par exemple, une étude menée par Schmidt et Williams en 2001 a montré que les étudiants retenaient mieux les leçons d’histoire lorsqu’elles étaient ponctuées de blagues pertinentes.

Enfin, les origines de l’effet d’humour peuvent aussi être tracées dans les recherches sur l’attention et la mémoire sélective. Les théoriciens comme Herbert A. Simon, qui a étudié la notion de « bounded rationality » (rationalité limitée), ont contribué à comprendre comment les éléments saillants et attractifs, comme l’humour, peuvent capter notre attention de manière disproportionnée et ainsi influencer notre mémoire.

L’effet d’humour est donc un biais cognitif qui trouve ses racines dans diverses disciplines de la psychologie, de la neuropsychologie et de la pédagogie. Il a été étudié par de nombreux chercheurs intéressés par la manière dont les émotions positives, comme celles générées par l’humour, peuvent améliorer la rétention et l’apprentissage des informations. Ces études ont permis de mieux comprendre les mécanismes cognitifs et neurologiques qui sous-tendent cet effet, offrant ainsi des pistes pour son utilisation efficace dans divers domaines tels que l’éducation, la communication et le marketing.

Exemples

Éducation

Les étudiants se souviennent mieux des leçons qui contiennent des anecdotes humoristiques, même si ces anecdotes sont moins pertinentes pour l'examen.

Publicité

Les consommateurs retiennent plus facilement les publicités drôles, même si les messages importants sur le produit sont moins clairs.

Santé

Un médecin qui utilise de l'humour dans ses explications peut rendre ses conseils plus mémorables pour les patients, même si les détails spécifiques sont parfois oubliés.

Travail

Un formateur qui introduit de l'humour dans ses présentations aide les employés à mieux retenir les informations, même si celles-ci sont moins critiques pour leur rôle.

Pour aller plus loin

L’effet humour - DantotsuPM

Les effets de l’humour sur l’individu - Nathalie Blanc

Biais Cognitifs VS Cerveau #3 - L'EFFET D'HUMOUR - Biais Business

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