Biais de croyance

Sommaire

Tendance à évaluer la validité d'une conclusion en se basant sur nos croyances personnelles plutôt que sur la logique.

Points à retenir

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Le biais de croyance se manifeste lorsque nous évaluons une conclusion non pas sur sa cohérence logique ou sa validité intrinsèque, mais sur sa conformité avec nos croyances et connaissances préexistantes. Cela signifie que nous sommes plus enclins à accepter une conclusion comme étant vraie si elle correspond à ce que nous croyons déjà, indépendamment de sa justification logique.

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Ce biais révèle notre tendance à prioriser nos croyances personnelles dans le processus de raisonnement, souvent au détriment d'une évaluation logique rigoureuse des faits. Cette préférence pour les conclusions qui s'alignent avec nos croyances préexistantes peut nous mener à négliger ou à mal interpréter des preuves contraires, même lorsqu'elles sont logiquement solides.

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Le biais de croyance compromet notre capacité à raisonner objectivement, en particulier lorsque nous sommes confrontés à des informations ou des arguments qui défient nos croyances préétablies. Nous sommes moins susceptibles de reconnaître la validité logique d'une conclusion si elle contredit nos perspectives ou nos attentes.

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Ce biais a des répercussions importantes sur la manière dont nous percevons les informations, évaluons les preuves et prenons des décisions. Il peut conduire à une confirmation de nos idées préconçues et à une résistance aux informations qui les remettent en question, affectant notre ouverture d'esprit et notre capacité à intégrer de nouvelles connaissances de manière impartiale.

Explication du biais

Le biais de croyance découle de notre propension à évaluer et à accepter les informations en fonction de leur conformité avec nos croyances et connaissances préexistantes, plutôt que sur une analyse objective basée sur la logique et la preuve. Ce biais illustre une tendance fondamentale de la cognition humaine à privilégier l’harmonie cognitive et à éviter la dissonance, un concept étroitement lié au biais de confirmation, qui décrit notre penchant à rechercher, interpréter, favoriser et se rappeler les informations d’une manière qui confirme nos croyances ou hypothèses préexistantes.

La principale différence entre le biais de croyance et le biais de confirmation réside dans le contexte de leur application. Le biais de confirmation est souvent invoqué pour expliquer comment nous sélectionnons et interprétons activement les informations disponibles, tandis que le biais de croyance est spécifiquement lié à notre évaluation de la validité logique des conclusions en se basant sur la crédibilité perçue de ces conclusions. Les deux biais, cependant, reflètent une sous-jacente préférence pour la cohérence dans notre système de croyances et une aversion pour les informations qui pourraient introduire des contradictions ou des conflits.

Cette tendance à privilégier nos croyances peut être expliquée par plusieurs mécanismes psychologiques, notamment la réduction de l’effort cognitif, la recherche de sens et la gestion de l’incertitude. En se reposant sur des heuristiques et des croyances préétablies, nous pouvons traiter l’information plus rapidement et avec moins d’effort que si nous devions évaluer chaque nouvelle information de manière critique. De plus, cela nous permet de maintenir une vision cohérente et rassurante du monde, même en présence d’informations potentiellement perturbatrices ou complexes.

Origine du biais

L’identification et la conceptualisation du biais de croyance ont été influencées par les travaux des psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky dans les années 1970, qui ont exploré diverses heuristiques et biais cognitifs affectant le jugement et la prise de décision. Bien que le biais de croyance en tant que tel n’ait pas été nommément introduit par Kahneman et Tversky, leurs recherches sur le jugement sous incertitude et la prise de décision ont jeté les bases permettant de comprendre comment les croyances préexistantes influencent notre raisonnement.

Les recherches ultérieures dans le domaine de la psychologie cognitive et sociale ont continué d’explorer et de définir le biais de croyance, en examinant comment il affecte le raisonnement déductif, inductif et probabiliste. Les études ont montré que ce biais n’est pas limité à des populations non expertes ou à des contextes triviaux, mais peut également affecter les jugements de professionnels hautement qualifiés dans leur domaine d’expertise.

Le développement de la théorie du biais de croyance s’appuie également sur les travaux de Jonathan Evans dans les années 1980 et 1990, qui a proposé des modèles duales de cognition pour expliquer comment les processus de pensée rapide, intuitifs et automatiques peuvent dominer sur les processus plus lents, analytiques et contrôlés dans certaines situations de raisonnement. Cette distinction entre pensée rapide et pensée lente a été cruciale pour comprendre pourquoi et comment le biais de croyance se manifeste, même chez des individus conscients de la nécessité d’une évaluation logique objective.

 

Exemples

Débat public

Les participants à un débat politique peuvent rejeter des arguments logiquement valides simplement parce que la conclusion va à l'encontre de leurs convictions politiques, illustrant comment le biais de croyance peut polariser les discussions.

Éducation

Les enseignants et étudiants peuvent être plus enclins à accepter les conclusions de recherches ou théories qui s'alignent avec leurs visions du monde préexistantes, même si celles-ci manquent de fondement logique solide.

Médical

Les professionnels de santé pourraient favoriser des traitements basés sur des croyances personnelles ou des expériences anecdotiques plutôt que sur des preuves rigoureuses, affectant la qualité des soins.

Média

Les individus sont susceptibles de croire aux informations ou aux nouvelles qui confirment leurs opinions préexistantes, indépendamment de leur véracité ou validité logique, un phénomène exacerbé par les bulles de filtres et l'écho des chambres sur les réseaux sociaux.

Pour aller plus loin

Biais de croyance - Shortcogs

Le biais de croyance - Haack

Le biais de croyance - GROUPE GÉRARD CARTON

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