Effet autruche

Sommaire

Tendance à ignorer délibérément des informations désagréables ou menaçantes, de façon à "enterrer sa tête dans le sable".

Points à retenir

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L'effet autruche décrit notre propension à éviter des informations négatives en ne les recherchant pas activement ou en les ignorant lorsqu'elles se présentent.

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Ce biais sert souvent de mécanisme de défense pour protéger l'individu du stress ou de l'anxiété que peuvent engendrer certaines réalités ou prévisions.

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Ce biais peut conduire à des décisions mal informées ou à un manque de préparation face à des problèmes importants, augmentant ainsi les risques à long terme.

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Bien que commun, l'intensité de ce biais peut varier selon les individus et les situations, certains contextes ou cultures pouvant exacerbé ou atténuer cette tendance.

Explication du biais

L’effet autruche, souvent dépeint comme la tendance à « enterrer sa tête dans le sable », illustre notre inclinaison à ignorer ou éviter les informations qui peuvent être perçues comme menaçantes ou anxiogènes. Ce biais peut être comparé au biais de confirmation, où les individus favorisent les informations qui confirment leurs croyances existantes et ignorent celles qui pourraient les contredire. Cependant, l’effet autruche va au-delà, car il implique un refus actif d’engager des informations potentiellement utiles simplement parce qu’elles pourraient provoquer du stress ou de l’inconfort.

L’effet autruche est un phénomène bien documenté en psychologie comportementale et en économie comportementale, où il est souvent associé à des décisions financières imprudentes. Par exemple, des individus peuvent choisir de ne pas vérifier leurs soldes de compte bancaire ou d’ignorer des factures, espérant inconsciemment que l’ignorance les préservera des conséquences négatives. Ce comportement peut mener à des surprises désagréables, comme des découverts bancaires ou des dettes accumulées, qui auraient pu être évitées avec une gestion proactive.

En psychologie, cet effet est souvent expliqué par la théorie de la dissonance cognitive. Lorsque les individus sont confrontés à des informations qui contredisent leur perception du monde ou leur image de soi, cela crée une tension interne ou une dissonance. Pour réduire cette dissonance, les gens peuvent choisir d’éviter ces informations, préservant ainsi leur bien-être psychologique à court terme mais potentiellement au détriment de leur bien-être à long terme.

En outre, l’effet autruche peut également être relié à l’heuristique de disponibilité, un biais où les gens évaluent la probabilité d’un événement basé sur la facilité avec laquelle des exemples viennent à l’esprit. Si les conséquences négatives ne sont pas immédiatement visibles ou facilement imaginables, les individus peuvent sous-estimer leur probabilité et leur impact potentiel, renforçant ainsi leur tendance à ignorer les avertissements et les risques.

Ce biais influence non seulement les décisions individuelles mais aussi les politiques publiques et les stratégies d’entreprise. Par exemple, dans la gestion des risques d’entreprise, les décideurs peuvent ignorer les signes avant-coureurs d’un marché en déclin ou d’une crise imminente, préférant croire que les conditions favorables actuelles continueront indéfiniment.

Comprendre l’effet autruche est crucial pour développer des stratégies qui encouragent une prise de décision plus informée et proactive, tant au niveau personnel que professionnel. Reconnaître ce biais peut aider à mettre en place des interventions comportementales ciblées, comme des rappels réguliers et des incitations pour engager des informations importantes, réduisant ainsi les risques liés à l’ignorance volontaire des problèmes critiques.

Origine du biais

L’origine du biais connu sous le nom d’effet autruche, s’ancre profondément dans la psychologie comportementale et les études sur le comportement humain face à l’incertitude et à la peur. Ce biais tire son nom de l’idée, largement répandue mais incorrecte, que les autruches enfouissent leur tête dans le sable pour éviter le danger. Malgré cette représentation erronée du comportement animal, l’expression capte efficacement une tendance humaine réelle à éviter les situations stressantes ou anxiogènes.

Les racines de l’effet autruche peuvent être explorées à travers la théorie de la dissonance cognitive introduite par Leon Festinger dans les années 1950. Festinger a proposé que les individus ont une tendance innée à chercher la cohérence entre leurs croyances et leurs actions. Lorsque des informations contradictoires ou des réalités inquiétantes menacent cette cohérence, les individus peuvent choisir de les ignorer pour éviter la tension psychologique qui en résulte.

En outre, des travaux en psychologie évolutionniste suggèrent que l’effet autruche pourrait avoir servi une fonction adaptative. Ignorer certaines menaces jusqu’à ce qu’elles deviennent inévitables pouvait parfois permettre aux individus de se concentrer sur des tâches immédiates et vitales sans être paralysés par la peur ou l’anxiété. Cette stratégie n’est cependant pas sans risques, surtout dans le monde complexe et connecté d’aujourd’hui, où les conséquences des décisions peuvent être différées et dispersées.

Des recherches modernes en économie comportementale ont également abordé cet effet. Des économistes tels que George Akerlof et Robert Shiller ont discuté des implications de l’effet autruche dans le contexte des marchés financiers et de la prise de décision des consommateurs, soulignant comment l’ignorance délibérée peut conduire à des crises économiques et des bulles financières.

En somme, bien que l’effet autruche ne soit pas attribué à un seul chercheur, il est le fruit d’une série d’observations et d’études interdisciplinaires qui ont mis en lumière notre tendance à éviter les informations désagréables. Cette compréhension continue d’évoluer à mesure que de nouvelles recherches en psychologie et en sciences comportementales exposent les mécanismes et les conséquences de ce biais, illustrant son impact profond sur les choix individuels et collectifs.

Exemples

Finance

Les investisseurs peuvent ignorer volontairement les signaux d'un marché baissier ou des mauvais résultats d'un investissement, espérant que les choses s'amélioreront sans intervention.

Santé

Une personne peut éviter de se rendre à des examens médicaux réguliers par peur d'apprendre qu'elle a une maladie grave, ce qui retarde souvent la détection et le traitement efficace de problèmes de santé traitables.

Professionnel

Un manager peut choisir d'ignorer les feedbacks négatifs sur son style de gestion, préférant croire que tout va bien plutôt que de faire face à des critiques qui pourraient nécessiter des ajustements douloureux.

Environnement

Les communautés vivant dans des zones à risque de catastrophes naturelles peuvent négliger de préparer des plans d'évacuation ou de renforcer les infrastructures, en dépit des avertissements clairs des experts en climatologie.

Pour aller plus loin

Avez-vous vécu l’effet autruche avec vos finances ? - WellWo

Biais Cognitif – l’effet autruche - DantotsuPM

Méfiez-vous de l'autruche - Revue Gestion

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